Je suis né petit, je le jure. Chaque jour, je dépensais beaucoup dâénergie entre les tétées. Jâétais même le moins gourmand de ma portée.
Après deux mois, un humain à lâair plutôt sympa mâa choisi. Il mâa enveloppé dans une serviette, et une fois dans sa voiture, il mâa donné une gâterie. Je ne sais trop de quoi elles étaient faites, mais jâai mangé deux dizaines de ces délicieuses petites choses sur la route qui nous menait vers ma nouvelle demeure.
Le paradis sur terre
Méchant beau quartier sur lequel jâétais tombé! Je nâen croyais pas mon museau! Il y avait une grande cour dans laquelle je pouvais chasser les écureuils et creuser des trous. Il y avait des os à volonté, et un biscuit mâattendait chaque fois que je répondais à mon nom. Un autre pour les mots « assis », « viens », « reste »⦠Jâavais tellement lâair dâaimer ça que mon nouvel humain a fini par mâen donner pour rien!
Il aimait cuisiner et, hachant le jambon ou coupant le poulet en dés, il ne résistait jamais à l'envie de mâen lancer un morceau. Je goûtais à tout. Si mon maître tentait de mâignorer, je pleurais. Jâai vite compris que, pour me faire taire, il me gâtait. à table, je mâinvitais. à coup dâinsistance, je revendiquais mon titre de chien gourmand. Entre les repas, je passais mon temps à me prélasser sur les divans.
Quand la crème tourne au beurre
Les soirs dâautomne, devant la télé, les chips faisaient partie de notre routine de fin de soirée. Comme nous nâallions plus au parc depuis belle lurette, je mâennuyais ferme. Pour mâaider à me changer les idées, mon maître mâoffrait à manger. Je pense quâil ne se rendait même plus compte de la quantité de nourriture que je pouvais ingurgiter dans une journée.
Cet hiver-là fut difficile. La neige était abondante et jâarrivais mal à marcher. Dans le but de mâaider, mon humain mâa permis dâaller simplement me soulager dans la cour. Fini, les promenades ardues pour mes pattes trop courtes. Surtout que mon ventre était de plus en plus proéminent. Cela faisait rire tout le monde autour de moi. Tout le monde sauf ma vétérinaire.
Dans sa clinique, jâai entendu des mots très durs. Obèse. Douleurs articulaires. Diabète. Maladies cardio-vasculaires. Risque accru de cancer. Jâai vu la peur dans les yeux de mon Pawsie. Le pauvre, il niait depuis si longtemps mon surpoids. Il me couvrait dâamour. Il me disait combien jâétais « beau pareil ». Tous les deux, on a bien entendu la vétérinaire stipuler que si je ne perdais pas de poids, je risquais une mort prématurée. Mais pis encore, avant de mourir, jâallais souffrir. à trop vouloir me gâter, mon Pawsie était entrain de me tuer. Je lâai vu essuyer une larme. Je me suis couché sur la table de métal de la vétérinaire. Elle a promis de nous aider. Heureusement, car mes pattes me supportaient à peine.
Un poids de moins sur les épaules
Depuis quelques semaines, je ne mange plus entre les repas. Au début, jâai protesté mais mon humain a résisté. Depuis, jâai plus dâénergie et je prends plaisir à aller marcher. Jâai retrouvé mon frisbee dans un coin du jardin. Quand je lâai rapporté, il mâa félicité avec une caresse et ma foi, câétait aussi bon quâune gâterie. Maintenant, on joue chaque jour. On sort. Et lui aussi, il perd du poids.
Jâai compris que la vraie loterie, câest de savoir sâaccorder du temps, de lâamour et des jeux. Des croquettes, certes, mais juste ce quâil faut. Les gâteries en sachet ne sont jamais quâun leurre. La véritable récompense nâest comestible que pour le cÅur.
Demain, pour souligner la Semaine de la prévention de lâobésité, le Dr Michel Pepin rapporte les dangers de lâembonpoint, des trucs pour sâen sortir et quelques chiffres qui font réfléchirâ¦