Docteur, ne me dites pas qu’il est gros!

7 octobre 2019

Au Canada, une majorité d’humains, de chiens et de chats souffrent d’embonpoint. Gros plan sur ces tonnes de petits bourrelets, leurs causes et leurs effets.


À mon cabinet, quand j’ai annoncé à Alfred Gingras que son Charly avait encore engraissé, il a éclaté de rire. « Ne me dites pas que mon chien est gros! Il y a bien assez de mon médecin qui n’arrête pas de me le répéter! »


Voilà toute une entrée en matière pour aborder le délicat sujet de l’obésité et des risques pour la santé de Charly. Sans compter les risques pour la santé de M. Gingras.


Nous le savons maintenant, l’embonpoint peut occasionner ou accroître de très nombreuses pathologies. Les principales sont les suivantes :


  • Diabète
  • Maladies cardio-vasculaires
  • Troubles cutanés
  • Dysfonctionnement du système digestif
  • Difficultés urinaires
  • Réduction de l’immunité
  • Problèmes endocriniens
  • Ennuis de locomotion
  • Certains cancers


Ouf, c’est toute une liste, je sais! Et ça touche beaucoup de monde. Une chose est sûre, aujourd’hui, les médecins et les médecins vétérinaires parlent le même langage en ce qui concerne l’urgence d’agir.


Selon les plus récentes données de Statistique Canada, 63 % des Canadiens d’âge adulte sont obèses ou souffrent d’embonpoint. Selon l’organisme Pet Obesity Prevention, 56 % des chiens et 60 % des chats sont dans la même situation. Qui plus est, il est clairement établi que l’obésité chez les animaux est intimement reliée à celle des humains.


Dans une étude publiée cet automne dans la revue Preventive Veterinary Medecine, des chercheurs de l’Université de Copenhague, au Danemark, ont démontré que les chiens dont les maîtres sont en surpoids courent deux fois plus de risque de dépasser leur poids santé.


Ces arguments pèsent lourd dans la balance. D’autant plus qu’il est désormais prouvé que l’obésité peut retrancher jusqu’à deux ans d’espérance de vie à Charly et jusqu’à dix ans pour M. Gingras !


Heureusement, Alfred Gingras est très réceptif aux recommandations lorsqu’il s’agit de la santé de son fidèle compagnon, et j’avoue que c’est un vrai soulagement.


En effet, je ne vous raconte pas le nombre de fois où des clients refusent d’admettre la réalité (« il est juste un peu enveloppé… ») ou les dangers (« il n’a qu’une vie à vivre… »). Ils m’indiquent clairement ne rien vouloir entendre, mettant ainsi fin à mes propositions pour améliorer la santé de leur animal.


M. Gingras, lui, accepte volontiers de discuter des actions à entreprendre pour ramener Charly à la santé :


  • Valider le poids à atteindre et fixer des objectifs raisonnables.
  • Effectuer un contrôle régulier du poids à l’aide d’une balance.
  • Réduire et modifier le type de gâteries offertes.
  • Éliminer les restes de table.
  • Envisager une diète amaigrissante de qualité.
  • Se servir d’une tasse à mesurer pour bien calculer les proportions.
  • Augmenter la fréquence et la durée des marches.
  • Trouver de nouvelles activités ludiques.
  • Donner plusieurs petits repas plutôt qu’un seul gros.
  • Utiliser des bols ralentisseurs de repas.
  • Informer ses proches que le chien tente de retrouver sa forme.
  • Être patient et ne pas croire au régime miracle!


Si l’histoire de M. Gingras vous rappelle un peu la vôtre, mon premier conseil serait de faire confiance à votre vétérinaire et à son équipe médicale pour vous guider. Celui-ci n’est pas là pour juger, mais pour soutenir. Prenez la peine de lui dire franchement quelles sont vos réticences et les difficultés que vous pensez devoir surmonter.


Nous, les vétérinaires, avons tendance à nous montrer très enthousiastes afin de convaincre un propriétaire de réduire le poids de son animal. Par conséquent, nous oublions parfois les embûches qu’il aurait à traverser pour y arriver.


La bonne nouvelle, c’est que M. Gingras, une fois persuadé de l’importance d’offrir une meilleure hygiène de vie à Charly, a décidé d’appliquer lui-même les quelques precautions prodigués à son animal. Je ne parle pas de manger des croquettes amaigrissantes, mais de restreindre les gâteries et, surtout, d’augmenter l’exercice.


Maintenant, comme des millions de chiens au pays qui réclament quotidiennement leur marche, Charly participe activement au maintien du poids santé de son maître.


Un juste retour du balancier ou, devrait-on dire, de la balance!

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